Peut-on cumuler auto-entrepreunariat et portage salarial ?
Quand on se lance dans l’indépendance, on se pose souvent la question suivante : faut-il opter pour la simplicité de l’auto-entreprise ou la sécurité du portage salarial ? Ces deux statuts, bien qu’ayant chacun leurs atouts, répondent à des besoins différents et présentent des caractéristiques parfois opposées. L’auto-entrepreneuriat séduit par sa facilité de mise en œuvre et ses faibles charges, tandis que le portage salarial attire par sa protection sociale et son accompagnement professionnel.
Mais voilà, pourquoi choisir quand on peut avoir les deux ? Cette question du cumul revient régulièrement chez les entrepreneurs qui cherchent à optimiser leur situation professionnelle sans renoncer aux avantages de chaque statut.
Les fondamentaux de l’auto-entrepreneuriat et du portage salarial
L’auto-entreprise : la liberté avec ses contraintes
Créé en 2008, le régime de l’auto-entreprise a révolutionné l’entrepreneuriat français en permettant à des milliers de personnes de se lancer dans l’indépendance sans prise de tête administrative. Ce statut simplifié offre une approche décomplexée de l’entrepreneuriat : pas de capital social à constituer, pas de statuts à rédiger, et surtout, une comptabilité réduite à sa plus simple expression.
L’auto-entrepreneur gère directement ses relations clients, édite ses factures et encaisse ses paiements. Cette autonomie totale a un prix : il assume seul la gestion administrative de son activité et doit composer avec les limites du régime. Les plafonds de chiffre d’affaires constituent notamment une de ses limites qui peut freiner le développement de l’activité. En 2025, ces plafonds s’établissent à 188 700 euros pour les activités commerciales et 77 700 euros pour les prestations de services.
Le portage salarial : l’indépendance sécurisée
À l’opposé, le portage salarial propose une approche hybride qui combine autonomie entrepreneuriale et protection salariale. Ce dispositif tripartite met en relation le consultant indépendant, l’entreprise de portage et le client final. Le consultant bénéficie ainsi du statut de salarié porté tout en conservant sa liberté d’action commerciale.
Cette configuration particulière offre des avantages non négligeables : couverture sociale complète, assurance chômage, congés payés, mutuelle d’entreprise et remboursement des frais professionnels. L’entreprise de portage prend en charge toute la dimension administrative, permettant au consultant de se concentrer sur son cœur de métier. En contrepartie, le portage salarial génère des frais de gestion et reste réservé aux activités intellectuelles.
Le cumul auto-entreprenariat et portage salarial : une réalité juridique accessible
Contrairement aux idées reçues, cumuler auto-entrepreneuriat et portage salarial n’a rien d’impossible. Le Code du travail autorise explicitement le cumul d’activités, qu’elles soient indépendantes ou salariées. Concrètement, un consultant en portage salarial peut parfaitement développer une activité parallèle en auto-entreprise, et inversement.
Cette possibilité découle d’un principe simple : le portage salarial confère le statut de salarié, permettant donc d’exercer une activité indépendante en complément, au même titre qu’un salarié classique qui développerait une micro-entreprise. Le cumul crée ainsi une situation où l’entrepreneur dispose simultanément du statut de salarié porté et de celui d’auto-entrepreneur. Néanmoins, cette liberté s’accompagne de quelques règles à respecter.
Le consultant doit faire preuve de transparence envers son entreprise de portage et veiller à ne pas porter atteinte à ses intérêts. La durée maximale de travail doit être respectée, généralement fixée à 35 heures hebdomadaires pour un temps plein. Si le contrat de portage comporte des clauses d’exclusivité, celles-ci doivent évidemment être honorées.

Pourquoi opter pour le cumul?
Dépasser les limites de chiffre d’affaires
L’une des motivations principales du cumul concerne les plafonds de l’auto-entreprise. Quand un entrepreneur approche de ces limites, il peut basculer une partie de son activité en portage salarial plutôt que de perdre les avantages du régime micro.
Cette stratégie permet de continuer à bénéficier des cotisations réduites de l’auto-entreprise tout en développant son activité au-delà des plafonds autorisés.
Cette approche s’avère particulièrement astucieuse pour les entrepreneurs dont l’activité croît rapidement. Au lieu de subir un changement de statut contraignant, ils peuvent orchestrer cette transition en douceur, répartissant intelligemment leurs missions entre les deux statuts selon leurs spécificités.
Optimiser la gestion des frais professionnels
L’auto-entreprise présente un inconvénient majeur : l’impossibilité de déduire les frais professionnels. Or, certaines missions génèrent des coûts importants (déplacements, hébergement, matériel spécialisé) qui grèvent la rentabilité. Le portage salarial, lui, permet le remboursement de ces frais, améliorant mécaniquement la marge nette du consultant.
Cette différence de traitement ouvre des perspectives d’optimisation intéressantes. Un consultant peut réserver l’auto-entreprise aux missions courtes et peu coûteuses, tout en orientant vers le portage salarial les missions nécessitant des investissements importants. Cette répartition stratégique maximise la rentabilité globale de l’activité.
Adapter sa crédibilité selon les clients
Les grandes entreprises manifestent parfois des réticences à travailler avec des auto-entrepreneurs, percevant ce statut comme moins professionnel ou sérieux.
Ces préjugés, bien qu’injustifiés, peuvent fermer des portes commerciales importantes. Le portage salarial, par sa dimension salariale et l’adossement à une entreprise de portage, inspire davantage confiance aux grands comptes.
Le cumul permet donc de jouer sur les deux tableaux : présenter le statut de salarié porté aux clients exigeants tout en conservant la souplesse de l’auto-entreprise pour les autres. Cette flexibilité commerciale peut s’avérer déterminante dans le développement d’une activité.
Bénéficier d’un accompagnement professionnel ciblé
L’auto-entrepreneur débutant se retrouve souvent livré à lui-même face aux défis de l’entrepreneuriat : prospection commerciale, gestion de projet, relation client, suivi comptable. Cette solitude peut s’avérer pesante et contre-productive, surtout lors des premières années d’activité.
Le portage salarial offre un accompagnement professionnel structuré : conseils commerciaux, support administratif, aide à la négociation, formation continue. Ce soutien s’avère particulièrement précieux pour monter en compétences et développer son réseau professionnel.
En conservant parallèlement l’auto-entreprise pour les missions simples, l’entrepreneur peut apprendre progressivement les ficelles du métier sans perdre son autonomie.
Une stratégie de facturation sur-mesure
Le cumul auto-entreprise et portage salarial offre également une approche de facturation différenciée selon la typologie de clients. Les entreprises de portage salarial ne travaillent qu’avec des clients professionnels ou institutionnels, excluant les particuliers de leur périmètre d’intervention.
Or, certaines activités (coaching individuel, services à la personne, formations particuliers) ciblent spécifiquement cette clientèle. L’auto-entreprise comble parfaitement cette lacune en autorisant la facturation aux particuliers.
Cette complémentarité permet d’exploiter tous les segments de marché sans discrimination, optimisant ainsi le potentiel commercial de l’activité. De plus, l’absence de TVA en auto-entreprise (sous les seuils) rend les prix plus attractifs pour les clients qui ne peuvent pas la récupérer.
L’impact sur la protection sociale et fiscale
Le cumul génère une situation particulière au niveau social et fiscal. En tant que salarié porté, le consultant cotise au régime général de la Sécurité sociale et bénéficie de tous les avantages afférents. Parallèlement, son activité d’auto-entrepreneur génère des cotisations au régime des indépendants.
Cette double cotisation peut sembler pénalisante, mais elle offre en réalité une protection renforcée. Les droits acquis au titre des deux régimes se cumulent, améliorant potentiellement les futures prestations (retraite, indemnités journalières). La situation fiscale reste, elle, relativement simple : chaque activité conserve son régime fiscal propre.
Cumuler auto-entreprise et portage salarial : une solution d’avenir pour l’entrepreneuriat moderne Le cumul auto-entrepreneuriat et portage salarial répond aux attentes d’une nouvelle génération d’entrepreneurs qui refusent de choisir entre sécurité et liberté. Cette approche hybride permet de construire progressivement une activité solide en bénéficiant des avantages de chaque statut.
Cette stratégie offre aussi une solution aux entrepreneurs dont l’activité croît rapidement, leur évitant les ruptures brutales liées aux changements de statut. Le cumul n’est certes pas adapté à tous les profils, mais il mérite d’être sérieusement considéré par les entrepreneurs soucieux d’optimiser leur situation professionnelle.
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